Thursday, October 11, 2012

BERNARD HENRY LEVY SUR LE JOURNAL DE ANDY WARHOL


" Je n'ai pas de mémoire, disait Andy Warhol. Mon cerveau est comme un magnétophone qui aurait une seule touche, pour effacer. " Moyennant quoi le maître du pop art a passé les dix dernières années de sa vie à appeler chaque matin sa collaboratrice, Pat Hackett, pour lui dicter les moindres détails de la nuit qu'il venait de passer. Le résultat - dont on découvre, ici, la traduction française - est une passionnante succession de scènes, cruelles ou cocasses, misérables ou scabreuses, où défile tout ce que le théâtre new-yorkais a pu compter de personnages. De Truman Capote à Jackie Onassis, de John Lennon à Donald Trump, Grace Jones ou Liz Taylor, ils sont tous là, épinglés par ce collectionneur de génie qui les observait mine de rien et consignait leurs grimaces sur son polaroïd intérieur. Et c'est avec un plaisir probablement égal à celui qu'ont dû éprouver - toutes proportions gardées - les contemporains de Saint-Simon ou du cardinal de Retz que l'on assiste à ces soupers, fêtes en tout genre et coke-parties qui ont fait les riches heures du " Studio 54 " et de la " Factory ". On lira ce livre, au choix, comme une chronique de la modernité. Le tableau d'un siècle qui s'achève. Le portrait d'une Babylone qui n'en finit plus de se décomposer. Ou bien - et c'est, au fond, l'hypothèse que je retiens - le geste ultime d'un artiste qui pensait qu'il n'y avait rien derrière son œuvre car il n'y a rien, non plus, derrière le monde et ses reflets.



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