COMMENT DÉPASSER LE DÉBAT STÉRILE DROITE GAUCHE: LA CLÉ WARHOL
GAUCHE-DROITE : LA CLÉ ANDY WARHOL.
Dans les débat droite- gauche dont on parle périodiquement je m'étonne souvent du peu de cas que l'on fait des transformations apportés par les médias de masse depuis les dernières décennies. Et pourtant. Ce ne sont pas les leçons de plusieurs individus majeurs qui manquent et qui permettraient de mieux éclairer cette question. Pour un le cas de l'artiste Andy W arhol est exemplaire. Aucun autre artiste n'a en effet prédit avec autant de justesse le monde culturel dans lequel nous nous retrouvons. Et aucun artiste ne recoupe une aussi intéressante carrière brouillant sans cesse les frontières de la droite et de la gauche politique. Au Québec Normand Bratwaite et Marc Labrèche ont jadis chanté sous le mode ironique les plaisirs d'être des putes médiatique. Warhol bien avant eux se qualifiait lui-même de plus grand prostitué médiatique.
À travers Warhol d'innombrables aspects du monde contemporain sont présents voire décuplés. À commencer par celui du marketing. Tout au long de sa carrière il n'a jamais affiché un semblant de désintéret pour la chose. Il disait un jour sous forme de boutade qu'il ne comprenait pas comment certains avait pu le considérer artiste underground à un certain moment puisque tout ce qu'il avait toujours voulu c'était se faire remarquer. Des artistes ils disaient qu'il était important pour eux de se trouver une bonne gallerie afin que la classe dirigeante les remarque tout en ajoutant que si votre promotion n'était pas faite de la bonne manière on n'allait pas se rappeler de vous.
Ses fréquetations sont aussi très éclairantes. Dans les années 60 les artistes et marginaux étaient légion dans l'entourage de la Factory. De même que les drag queens. Puis par la suite quand il s'est mis à exécuter ses portraits de stars ou de grand financiers un pan de la gauche y a vu là une forme de trahison. À quelqu'un qui lui demanda alors ce qu'il faisait puisqu'il ne peignait plus et ne faisait plus de films il répondit qu'il ne faisait qu'aller à des partys. Un peu comme Paris Hilton ou Nicole Ritchie aujourd'hui en quelque sorte. À un autre encore il répondit qu'il n'avait pas cesser de peindre puisqu'il se peignait les ongles chaque jour...
Côté cash il disait que faire de l'argent est le plus fascinant des arts ajoutant que s'il avait commencé comme artiste de l'art il s'était par la suite davantage intéressé à faire de l'argent. On ne sera guère surpris sachant qu'à sa mort en 1987 sa fortune personnelle était évaluée à 600 millions. Mais il poussait aussi l'ironie plus loin. En entrevue il disait qu'il souhaitait de l'argent pour tout le monde puis dans une autre soutenait qu'il ne fallait pas que tout le monde en ait parce que sinon ça deviendrait trop compliqué et on ne saurait plus de qui être jaloux ou de qui dire du mal.
La question du sexe chez lui est toute aussi fascinate. Warhol était convaincu que quatre choses font que l'on tombe en amour. Le visage, le corps, l'argent et la célébrité. Il affirmait alors que tout ce qui comptait était d'avoir une combinaisaison équivalente de quelques-uns de ces éléments pour que cela puisse fonctionner en amour. Cependant s'il y avait trop d'écarts entre les divers éléments cela n'allait pas marcher. Mieux encore il soutenait que l'amour et l'absence de sexe était très bien ou inversement mais que l'amour et le sexe ensemble était à éviter. Une tendance qui de nos jours semble manifestement prendre de l'ampleur.
De Warhol l'ex editeur du magazine Interview Bob Colacello disait qu'ils se disputaient souvent ensemble au sujet de la politique Warhol se situant plus à gauche de ce dernier. Mais cette opposition était plus superficielle qu'autre chose. Certes Warhol avait fait le poster de la campagne Kennedy dans les années 1960 mais il devint aussi très près de Nancy Reagan par la suite.
Un autre élément révélateur du cas Warhol est certes le choix de sujet pour ses oeuvres. Bien sur les plus connues sont celles des années 1960. Celles qui de par leurs thèmes valent aujourd'hui à Warhol sa reconnaisance critque. Les séries telles «Most Wanted Man» ou encore «Dead and Disasters». Plus tard il devait pousser cette ironie en illustrant la faucille et le marteau symbole du communisme alors sur le déclin. Mais la plus grande leçon est ce que disait Warhol à propos du cinéaste Emile de Antonio lequel voyait dans ses oeuvres (dont sa préférée intitulée «Black Electric Chair») un fort commentaire social. Et Warhol d'ajouter. «That's funny» .Dans son ouvrage sur le monde de l'art Tom Wolfe avait déja moqué cette attitude si propre à un certain milieu artistique d'affecter une soi-disante révolte pour ne mieux qu'être récupéré par la suite. Aujourd'hui l'ironie entourant cette démarche est désormais à son apogée.
Encore aujourd'hui l'influence des thèmes propre à Warhol est multiple. Et pas seulement à travers les visages de Marilyn aux couleurs criardes sur les robes de designer. Mais son influence majeure reste le changement de perception du rôle de l'artiste envers les médias de masse. La position romantique de retrait né du mythe de Van Gogh, l'artiste génial et incompris a aujourd'hui disparu. Disparu au point ou nous sommes même passée à un autre extrême le marché de l'art connaissant une nouvelle flambée des prix sans précédent. Et Warhol n'est pas étranger à cela lui-même qui est devenu l'artiste dont les oeuvres sont les plus prisées après Picasso. Ce même Picasso qui disait lui aussi d'ailleurs: «Je voudrais vivre comme un homme pauvre avec beaucoup d'argent».
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